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Photo du rédacteurIsabelle CANTIE

Zèbre ou ne pas être, une histoire de vie

Je n’ai assurément pas honte d’affirmer que malgré le fait d’être médecin, de m’être formée à différentes approches psychothérapeutiques, je n’avais jamais entendu prononcer ce terme étrange de « Zèbre ».

Cette expression a été proposée par Jeanne Siaud-Facchin, psychologue, il y a une vingtaine d’années, pour décrire les personnes surdouées, HPI (à haut potentiel intellectuel). Je n’étais guère plus familiarisée à la thématique de la douance, très éloignée, voire absente de ma pratique professionnelle et de mes connaissances.


C’est au décours d’un burn-out que j’ai pour la première fois entendu cette expression, en prenant des nouvelles d’une amie, elle-même en burn-out, quelques mois auparavant. Le peu d’informations qu’elle me donna à la question « c’est quoi être un zèbre ? » suscita aussitôt mon interrogation. Je passais la nuit suivante sur mon ordinateur, à lire le livre « Je pense trop » de Christel Petitcollin et à écouter les conférences de Monique de Kermadec, psychologue et écrivaine spécialiste du HPI.


Comment était-il possible que ma vie soit retranscrite de façon aussi précise dans ce que je lisais et écoutais ? Un immense tsunami m’ébranla et cette nuit fut le début d’une mise en lumière de ces faux-self mis en place tel le caméléon sachant parfaitement s’adapter à son environnement pour passer inaperçu.

Mon histoire est tristement banale car de nombreux adultes surdoués, ne sachant pas qu’ils le sont, décompensent comme moi, par un burn-out. J’ai eu alors une lecture différente de certaines histoires professionnelles de salariés dont j’assurais le suivi en tant que médecin du travail. Dommage pour eux…et dommage pour moi de ne pas avoir eu bien plus tôt, cette sensibilisation à la souffrance de l’adulte surdoué. J’avais alors 57 ans et cela était ainsi.


Aujourd’hui en partageant mon vécu au travers de cet article, je souhaite permettre à d’autres de se révéler à eux-mêmes plus tôt que je n’ai su le faire moi-même et informer les professionnels de santé sur l’importance du dépistage de la douance chez l’adulte, en particulier quand il existe une souffrance, afin de les orienter vers un accompagnement spécifique.


Je souligne pour ma part, le rôle essentiel que joua le test WAIS-IV, réalisé chez une neuropsychologue grâce à l’orientation d’un psychiatre que j’avais consulté pour un avis, malgré la désapprobation de ma psychologue qui m’avait affirmé que le test ne me serait d’aucune utilité.


Je pense qu’il est primordial de permettre aux adultes surdoués en souffrance de valider leur différence, pour qu’ils ne passent plus à côté de leur vie, meurtris par une hypersensibilité exacerbée, à douter sans cesse d’eux-mêmes, à se fondre dans la masse et à perdre leur extraordinaire potentialité.


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